
Gérer une épidémie, ce n’est pas seulement « lutter contre le virus » et ralentir sa dissémination. Les mesures prises, si elles sont source de tensions supplémentaires, pourraient être plus dangereuses que le problème lui-même. Primum non nocere, ‘d’abord ne pas nuire’.
Il s’avère que le coco-vide rimera encore longtemps dans nos mémoires collectives comme la plus belle épidémie de peur jamais nourrie et entretenue à si grande échelle dans notre humanité.
Nos élites savent répondre à un problème par le biais technique (du moins c’est ce qu’ils imaginent et sont conditionnés à pouvoir faire), il est temps que l’humain retrouve sa juste place même au cœur de la tourmente.
Merci à Jean-Dominique Michel, anthropologue de la santé basé en Suisse, pour son regard acéré sur la situation, et pour le partage de son recul si éclairant : il a été d’une grande source d’inspiration pour mieux comprendre le déroulement de la situation et aussi pour trouver des solutions adaptées à la gestion de la peur.

1- la peur
1-1 son omniprésence
Imaginez que chaque jour, on vous rabâche le nombre des morts par accident cardio-vasculaires, bien plus nombreux au demeurant que les morts du coco-vide. L’angoisse permanente que cela induirait serait insupportable au bout de quelques jours seulement. Imaginez que l’on vous décompte le nombre de morts des accidents de la route puis le nombre de morts de cancers, de la grippe, etc. Quel serait l’effet sur la population ?
Que ce soit dans les déclarations de l’OMS, des états, de grands médias, tout le monde a été à l’unisson pour nourrir cet état de danger immédiat et permanent chez la plupart d’entre nous. Et pour un peu que vous ne soyez pas scientifique ni n’ayez le temps de faire vos propres recherches, l’info transmise est prise pour argent comptant et source de peur profonde et paralysante.
« On confond pandémie avec menace mortelle » (carte blanche) – International – LeVif
La peur de la mort justifie-t-elle le confinement de tout le pays ? – Le Salon Beige
Jean Castex brandit la menace d’un nouveau confinement généralisé
La lettre coup de gueule, de Denise, 88 ans, pour Macron.


Le Grand Oral de Pr Jean-François Toussaint, professeur de physiologie à Université de Paris – 10/08
Enfin, la peur touche profondément le secteur de la santé, dans les hôpitaux sous-équipés du fait de coupes budgétaires inappropriées ces dernières décennies, et aussi chez les médecins de famille, interdits de prendre part à l’effort de lutte au quotidien. Un texte poignant de l’une d’elle :
… Et l’humain dans tout ça?

La beauté de la vie est systématiquement détruite par le canular Covid

1-2 ses effets sur le système immunitaire
La peur fait s’effondrer l’efficacité de nos défenses naturelles. Vous savez, ce système immunitaire qui a été le grand absent des débats, comme si le seul moyen de lutte possible était extérieur (médicament, sinon vaccin).
Ce système de défense officie dans l’ombre en permanence, on se rend compte de son utilité de chaque instant… quand il fonctionne moins bien et que nous sommes touchés par le moindre rhume qui passe. Une personne tousse dans une soirée : la contagion est-elle inéluctable ? Certains seulement seront touchés, pas ceux dont les défenses sont efficaces.
Or, il est bien documenté maintenant que le système immunitaire est influencé par notre état psychique. Et que la peur prolongée mine ses capacités de défenses.


2- la distanciation sociale
Le message permanent qu’être proches les uns des autres est source de danger, et le sera encore longtemps (euh, sur quelles bases scientifiques joue-t-on à Madame Irma avec autant d’aplomb ?), nourrit la peur dans la moindre de nos interactions sociales.
Or, nous sommes une espèce hypersociale, nous avons un besoin vital de contacts, échanges, avec nos proches et notre entourage. Diaboliser les embrassades, les câlins, les contacts, faire naître de la culpabilité en nous rendant responsable de la contagion de nos proches est un poison pervers et dangereux, bien pire que d’attraper le coco-vide (sauf si l’on a 87 ans, du surpoids, du diabète et de l’hypertension, bien sûr).
Les conséquences mal vécues de la distanciation sociale peuvent être la phobie sociale, comme l’explique si bien l’article suivant :


Alors on en arrive à des conseils pour le moins surprenants, comme celui d’utiliser un « glory hole », un trou dans le mur pour faire l’amour sans risque : ohhh my god !!
3- salutogenèse
Oser s’accomplir
C’est l’art de la santé. Qui n’est pas qu’absence de maladies…
Jean-Dominique Michel décrit la salutogenèse comme étant trois sentiments fondamentaux, rassemblés dans un sentiment de cohérence. Ces trois sentiment sont :
- l’intelligibilité, comment je m’appuie sur des faits solides, pour me forger une compréhension solide et accepter pourquoi ce qui m’est demandé est nécessaire, ou… pourquoi c’est inutile,
- le sens et les valeurs, dans quelle mesure je peux me positionner à partir de ce qui arrive, basé sur mes valeurs,
- le pouvoir d’agir, car rien n’est pire pour un être humain d’être totalement impuissant face à une situation donnée.
Cet anthropologue propose une classmaster sur le thème de la salutogenèse :
Un des outils de la salutogenèse qu’emploie Jean-Dominique est la contemplation des valeurs fondamentales. Voilà un mode d’emploi détaillé :

La sidération qu’engendre la peur permanente d’un danger supposé « omniprésent et mortel » nous coupe de nos fonctions cérébrale supérieure :
Reprendre contact avec ses fonctions supérieures permet de rompre le cercle vicieux de la peur, par exemple :
- en entretenant sa santé et son bien-être, être à l’écoute de ses besoins,
- en se débranchant des écrans, sources de peur, et se faire des pauses à respirer la nature,
- en explorant à tête reposée des infos éclairant factuellement la réalité,
- en décryptant la propagande et en voyant plus loin.
Pour mieux comprendre notre cerveau social, un excellent article :
Afin de pouvoir prendre du recul sur la prise en otage de nos cerveaux par une rhétorique bien ficelée (et résister à l’hystérie collective), il est fondamental de connaître les biais cognitifs, les filtres de distorsion de l’information, qui sont largement utilisés à nos dépends :
biais cognitifs sur OuiQuiPiedA
Enfin, Jean-Dominique nous propose des « gilets de sauvetage neurologiques », comme la contemplation de la beauté, la méditation de la bienveillance, l’expression de sa gratitude, le rire, le jeu, la joie.
Pour nourrir l’exploration de ses valeurs profondes, rien ne vaut un discours inspiré et prémonitoire :
En complément sur la salutogenèse :
Au milieu des années 1970, un chercheur dans le domaine du stress, Aaron Antonovsky, a eu une intuition révolutionnaire dans l’univers des sciences de la santé : et si l’on tentait de comprendre ce qui génère la santé, la « salutogenèse », plutôt que de se concentrer essentiellement sur ce qui produit la maladie, la « pathogenèse », comme on le faisait depuis des siècles ? Il commença donc à formuler une théorie à cet effet et à la vérifier empiriquement. Son décès prématuré dans les années 1990 a ralenti le développement de cette théorie, qui avait déjà commencé à susciter beaucoup d’intérêt. Heureusement, deux chercheurs scandinaves intéressés à la promotion de la santé, Bengt Lindström et Monica Ericksson, ont pris le relais au début des années 2000 et sont devenus la plaque tournante internationale de la recherche scientifique sur la salutogenèse.